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Bernard Schaeffer
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18 janvier 2011

Mes exploits

J'ai d'abord été un casseur de cailloux lorsque j'en ai mis quelques uns sur les rails du chemin de fer pour voir ce que cela donnerait. Le risque était tout de même minime et, en effet il n'y a eu qu'un petit nuage de poussière. Dix ans plus tard, après mon premier bac, mon père m'a envoyé faire un stage à  Pont-à-Mousson où j'ai cassé des tuyaux de fonte ductile à l'aide d'un mouton.
Ma thèse a porté sur la déformation et la rupture de cristaux de sel de ma fabrication et de fluorure de lithium irradiés aux rayons gamma. Par irradiation aux rayons gamma ils ont été colorés, en bleu les cristaux de NaCl et en orange ceux de LiF.  Il a fallu d'abord construire une guillotine pour cliver les cristaux. Leur déformation plastique a fait apparaître des charges électriques et une luminescence accompagnée d'un changement de couleur. J'ai montré ce phénomène aux Russes de l'Institut de Cristallographie où travaillait Pasternak (son père a écrit le Docteur Jivago). J'ai en effet passé trois mois d'hiver en URSS, séjour organisé sous l'égide des frères Curien, destiné à visiter des laboratoires dans le cadre des échanges franco-soviétiques, un peu dans le même style que l'avait fait mon oncle, ministre de la Santé du Chili dans les années 50. J'ai fait un exposé en allemand à Kharkov, traduit en ukrainien par le professeur qui m'accueillait. J'aurai bien aimé aller voir un laboratoire en Sibérie. J'ai rencontré les gens de ce laboratoire à Moscou (on m'a dit que c'était comme si j'avais été à Tomsk).

Au retour j'ai repris ma thèse, terminée pendant mon service militaire à Orsay comme scientifique du contingent. J'y ai profité du nouvel ordinateur UNIVAC grâce à un copain qui m'en a appris l'usage. J'ai calculé les contraintes d'un empilement de dislocations dans un cristal de LiF que j'avais mesurées par photoélasticimétrie. Pour cela j'ai résolu numériquement par différences finies l'équation biharmonique. Un mathématicien aurait d'abord cherché des critères de convergence mais moi j'ai tout simplement essayé et cela a marché. C'était pourtant assez bizarre car le calcul commençait d'abord par diverger. En tous cas j'ai obtenu une répartition des contraintes tout à fait identique à celle mesurée par photoélasticimétrie. Ce calcul se trouve évidemment dans ma thèse mais j'ai complètement oublié de le publier dans une revue scientifique.

Guinier m'a proposé de faire un post-doc à l'Université de Syracuse, aux Etats-Unis, ce que j'ai accepté avec joie. J'ai eu deux recherches à faire, l'une sur la déformation plastique autour d'une fissure artificielle dans une plaque d'aluminium à l'aide de la méthode des moirés dont j'ai multiplié la sensibilité par 10, ce qui rend visibles les déformations élastiques. Seul un Chinois a été capable de répéter mon expérience. Le second sujet était de faire quelque chose d'analogue dans un plastique transparent, soi-disant incassable, le polycarbonate de bisphénol ou Lexan. En fait, entaillé, il se casse comme du verre.

A mon retour, j'ai passé un an à Mulhouse où j'ai de nouveau cassé des tuyaux, cette fois en matériau composite. Ensuite je suis allé travailler au Centre Technique des Tuiles et Briques, à Clamart où j'ai cassé des briques dont la plus grande faisait deux mètres de haut. J'y ai montré comment prendre en compte dans la norme brique la dilatation à l'humidité en appliquant les lois de la diffusion de l'eau dans les microcristaux d'argile.

Je suis ensuite entré à la SNPE où j'ai fait où j'ai étudié la polymérisation des propergols composites sur une période suffisamment longue (6 mois) et un domaine de températures étendu montrant que la polymérisation pouvait se faire même à basse température. Cela tombait à point car des chargements de propergols destinés à la force de frappe avaient été mal cuits et, d'après mes mesures, qu'il suffisait d'attendre que la polymérisation se fasse. Cela a permis de récupérer cinq chargements de propulseurs sur les dix ayant ce défaut. Je n'ai jamais su s'ils avaient été tirés. En tous cas la force de frappe terrestre a été supprimée. Ensuite on m'a demandé de créer un laboratoire de propriétés mécaniques des poudres pour armes et des explosifs. J'ai fait construire une machine d'essais mécaniques rapides par une firme suisse car les Amériqains ne voulaient pas nous vendre la leur avec les mêmes performances (20 m/s). Le CEA s'est empressé d'en faire l'acquisition. J'ai aussi introduit la microinformatique. Le chef du centre de calcul, ne croyant pas que l'Apple II était capable de tracer une droite a dû aller le vérifer au salon de la microinformatique. Moi je le savais car j'en avait acheté un. Je savais aussi qu'on pouvait piloter une machine de traction car je l'avais avec un jouet, une voiture électrique. J'ai donc fait faire une interface par le service électronique. On avait donc une machine de traction pilotée par ordinateur et qui délivrait le PV d'essai sur une imprimante de traitement de texte, courbe de traction comprise. Il était prévu de faire des essais à grande vitesse sur ces matériaux actifs. En traction, il n'y a aucun risque. En compression, c'est plus délicat, aussi il a fallu faire un essai de sécurité sur la poudre à canon: elle a détoné, ce qui, semble-t-il n'a jamais été observé. Je suis sûr que, dans les mêmes conditions, le nitrate d'ammonium aurait détoné de la même manière que cela s'est produit à Toulouse lors de l'accident de l'AZF.

 

Mes succès ayant fait des jaloux, je me suis retrouvé à la documentation, ce qui m'a permis de m'instruire, parfois sans rapport avec mon travail, puis en microinformatique de gestion. J'ai remplacé au pied levé, le contrôleur de gestion, en maladie pour la partie informatique: ma chef a été étonnée de la façon dont je m'en suis sorti.

Finalement on m'a dit que j'étais trop vieux pour faire de la recherche, sinon celle d'un emploi. Je n'avais que quelques années jusqu'à la retraite. Cela ne me gênait pas car j'avais mon activité scientifique en parallèle qui consistait à mettre au point un logiciel de simulation numérique dont l'idée de base était celle des différences finies que j'avais déjà mise en oeuvre à la fac d'Orsay. J'ai ainsi commencé par la simulation d'une vague déferlante que j'ai développée pour les solides mais personne ne s'y intéressait alors j'ai arrêté lorsqu'Apple a abandonné le logiciel que j'utilisais.

Je me suis mis alors à des sujets plus fondamentaux, comme la relativité et la mécanique quantique, sujets bien plus passionnants. J'ai publié un livre "Relativités et quanta clarifiés". Maintenant je me suis attaqué à la physique nucléaire. J'ai réussi à expliquer pourquoi l'énergie nucléaire est près d'un million de fois plus concentrée que l'énergie chimique. Tous les livres de physique nucléaire disent que c'est impossible car l'interaction électromagnétique serait trop faible, mais personne n'a essayé d'en faire le calcul depuis 1924, époque où on ne connaissait pas les moments magnétiques du neutron et du proton. L'Académie des sciences et d'autres revues ont refusé de publier ma théorie car je casse la barraque du nucléaire…

 

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