AZF et détonation du nitrate d'ammonium

Détonabilité du produit

Il est bien connu que le nitrate d'ammonium peut détoner, il y a eu d'autres accidents.
La SNPE a effectué un essai qui consistait à laisser tomber d'une hauteur de 3 mètres une bétonnière remplie de nitrate d'ammonium avec ajout du produit chloré censé être responsable de la détonation dans le hangard de l'AZF. L'essai a été fait au champ de tir de Captieux. Il y a eu détonation. Cette information m'a été fournie par un membre du personnel SNPE. J'ai cherché à en obtenir la confirmation mais la responsable communication du siège de la SNPE a prétendu avoir assez communiqué sur le sujet. Pourtant je n'ai pratiquement rien trouvé sur Internet. Juste l'entrefilet qui suit, muet sur l'essai en question:

"AVERTISSEMENT COMMUNIQUÉ PAR LE GROUPE SNPE"

Le Groupe SNPE a montré que la mise en contact du NA (nitrate d'ammonium à 0,9 - 1,5 % d'humidité) avec du DCCNa dichloroisocyanurate de sodium) conduisait à la détonation du NA, confirmant ainsi les explosions relatées par Louis MEDARD. Cette étude a montré que la détonation était due à la formation d'un explosif primaire très instable le trichlorure d'azote (NCl3). Cette étude a été présentée au symposium de sécurité DDESB à San Antonio en août 2004. Contact SME Environnement Y. GUENGANT (e-mail : y.guengant@snpe.com)."

Commentaires

La cause exacte de l'explosion de l'AZF restera probablement inconnue mais le risque était réel, comme le prouvent les explosions de bateaux chargés de nitrates qui se sont produites autrefois, risque ignoré par les responsables d'AZF. Quelles que soient les précautions prises ce risque demeure car la probabilité, même faible, d'une négligence ou d'une erreur n'est jamais nulle, autrement dit le risque zéro n'existe pas. D'autre part, on se demande à quoi servent les assurances qui ne remboursent que les dégâts légers. Pour les gros dégâts, elles renvoient systématiquement la balle ailleurs. Il faudrait n'accepter que des contrats où l'assurance rembourse et se retourne ensuite seulement contre les responsables.

Il semble que l'on a cherché à reproduire en laboratoire la détonation de Toulouse en faisant un essai de chute de 3 mètres d'une bétonnière remplie de nitrate d'ammonium qui aurait détoné d'arprès un ex-collègue. Les tests officiels de sécurité, tels qu'ils sont conçus au mouton de 30 kg, chutant de 3 mètres, ne peuvent générer de détonation car le produit à tester n'est pas confiné. En effet, en petite quantité, le nitrate ne détone pas, la poudre noire n'a apparemment jamais détoné mais elle déflagre. La poudre à canon à la nitrocellulose pure non plus (officiellement). Or il se trouve que si elle est confinée elle détone, comme cela a été montré par un essai que j'avais demandé sur une poudre à canon constituée de nitrocellulose pure, sans nitroglycérine ni explosif. La quantité était pourtant faible, une centaine de grammes. Personne, à ma connaissance, n'en a tenu compte. Ceux qui prétendent que l'explosion était impossible sans détonateur sont des ignorants. Pour moi il est tout à fait possible qu'un choc dans certaines conditions ait pu déclencher la détonation à l'AZF.

Et n'oublions pas l'inconscience de gens soi-disant compétents:

Un responsable sécurité voulait créer un parking sur un marécage où sont enfouies des munitions de la guerre de 14-18.
La force de frappe devait utiliser des propergols à base de nitroglycérine sur les sous-marins. Ce projet a été abandonné mais on peut imaginer le risque d'une explosion du style Koursk au voisinage de bombes nucléaires dans le port de Bordeaux. J'ai pu constater que la fiche de sécurité de ce produit n'était pas remplie alors que la nitroglycérine dégoulinait des éprouvettes de traction.
La poudrerie de Saint-Chamas a brûlé en 1936; le personnel, directeur compris, regardait l'incendie, croyant que le TNT (tolite) ne pouvait détoner sans détonateur: 53 morts. Les terrains sous lesquels se trouvent encore de grosses quantités d'explosif ont été transférés au Conservatoire du littoral.

Il n'y a qu'une solution: mettre les usines à distance des zones habitées en fonction des dégats prévisibles en cas d'accident. On l'a bien fait il y a deux siècles, suite à l'explosion de la poudrerie de Corbeil qui a explosé lors d'un essai de Lavoisier et qui a été déplacée au Bouchet. Même au Bouchet il y a eu des fusées qui sont parties intempestivement dans la nature, heureusement sans dégâts mais vite et discrètement récupérées. Heuresement que cela n'est pas arrivé lors des essais de la fusée Diamant, celle qui a servi au lancement du premier satellite artificiel français en 1965. 

Comments

[Waligator]

L'explication farfelue du mélange du dichloroisoscyanurate de sodium avec le nitrate d'ammonium est un imposture intellectuelle de SME, filliale à 100% de la SNPE.



Tous les chimistes de ce pays le savent, et si vous-mêmes aviez fait un peu de chimie, vous ne propageriez pas une telle fadaise...

[henri brilet]

Quand le NAI explose, il dégage 1.000 litres de gaz par kilo à 4.000 mètres seconde. La SNPE a dû disparaitre dans cet essai qui n'est guère dans leurs compétences. Une bétonnière pleine, dites vous ? Vous ne connaissez pas beaucoup la force d'une telle explosion, avec effet d'echelle de surcroit. C'est une désinformation de bistrot, désolé.

[bschaeffer]

Ce ne sont pas des rumeurs mais des résultats de recherches scientifiques du Service des poudres puis de la SNPE. Veuillez lire le texte de plus près.

[henri brilet]

Votre commentaire fait partie des rummeurs : on a dit que.... Le nitrate d'ammonium n'est qu'un engrais, mais seul, pas du tout un explosif. Vous devez ajouter 5 où 6% de gas-oil (carburant peu volatil) et provoquer l'explosion par un baton d'explodif brisant, et là, ça explosera. Cependant utiliser du nitrate poreux iindustriel ey pas de l'ammonitrate enrobé. Lisez sur ce blog "briletpirao.canalblog.com". Coedialement